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Allocation stratégique des actifs dans un monde post-pandémie

Dans cet article, je vais souligner les aspects sur lesquels les investisseurs devraient se concentrer pour définir leurs programmes de placement à long terme¹; suggérer quelques solutions basées sur différentes attentes en termes de risque et de rendement; et proposer une solution rentable pour mettre en œuvre une telle stratégie.

December 11, 2020

Alexandre Bouchardy,

Responsable Asset Management Investment Strategy Switzerland & EMEA

From learning to earning

Pendant que les discussions quant à l’impact à long terme de la pandémie de COVID-19 se poursuivent, les investisseurs peuvent d’ores et déjà se pencher sur des éléments importants: une allocation diversifiée, active et prospective des actifs importera davantage à l’avenir que par le passé. Cela est dû aux mesures sans précédent qui ont été prises dans le monde entier pour lutter contre le virus, à leur impact potentiel sur le rendement des actifs, et à l’évolution probable des corrélations entre classes d’actifs.

Au cours des 20 dernières années, un portefeuille diversifié moyen comprenant 60% d’actions et 40% d’obligations a dégagé un rendement corrigé du risque élevé. Cela s’explique par deux facteurs. Premièrement, les marchés actions et obligataires avaient une corrélation négative, si bien qu’un rendement négatif des actions était compensé par un rendement obligataire positif, et vice versa. Deuxièmement, les taux d’intérêt étaient positifs et relativement élevés en termes historiques. Au début du siècle, les Bunds allemands et les bons du Trésor américain à dix ans avaient un rendement respectif de 5% et 6%. A mesure que les taux d’intérêt diminuaient, les plus-values ont permis de générer des rendements élevés. Mais cette stratégie pourrait ne pas s’avérer payante à l’avenir parce que les obligations n’ont plus ce «coussin» des taux d’intérêt.

Balanced Solutions

Conçues en vue d’obtenir des résultats spécifiques

Dans le contexte actuel de taux bas, voire négatifs, il est facile de prévoir que cette corrélation négative pourrait disparaître très bientôt. Malgré la présence de forces structurelles qui ont fait baisser les taux d’intérêt depuis le début des années 1980 (p. ex. mondialisation, politiques monétaires restrictives, démographie), certains aspects me persuadent que les mesures prises récemment par les gouvernements et banques centrales du monde entier ouvrent la voie à une hausse des taux à l’avenir. Alors que l’expansion budgétaire monétisée par les banques centrales devient la norme dans les plus grands pays, les politiques monétaires tolèreront une inflation accrue à l’avenir pour compenser une inflation historique plus faible. De plus, si l’on se fie au passé, les grandes banques centrales suivront probablement l’exemple de la Réserve fédérale américaine.

Freinée par l’essor du populisme et par le conflit commercial sino-américain, la mondialisation a aussi marqué le pas ces dernières années. De nombreux gouvernements et certaines entreprises envisagent de rapatrier des capacités de production pour des motifs politiques ou de sécurité. La pandémie ne fait qu’accélérer ce phénomène. Loin de faire naître ces changements, le COVID-19 a en réalité renforcé des tendances qui existaient déjà avant l’émergence de la pandémie. Par conséquent, si la mondialisation et les politiques monétaires restrictives ont contribué à la baisse de l’inflation, la «démondialisation» et les politiques monétaires laxistes devraient faire l’inverse.

Que ce scénario se concrétise pendant cette décennie ou la suivante, les investisseurs peuvent, et devraient, commencer à positionner leurs portefeuilles en conséquence. Les marchés obligataires ne peuvent plus offrir le même niveau de diversification qu’auparavant, car ils dégagent maintenant des rendements faibles ou négatifs. Qui plus est, la corrélation entre les marchés actions et obligataires, actuellement négative, devrait redevenir positive, comme dans la majeure partie du XXe siècle. Les avantages de la diversification dont nous avons profité pendant les 20 à 30 dernières années ne risquent pas de persister encore 10 ou 20 ans.

Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs?

Premièrement, les investisseurs doivent envisager un univers d’actifs plus large pour optimiser leurs perspectives de rendement et les avantages de la diversification. Pour illustrer ce concept, nous avons construit trois portefeuilles à un horizon de cinq ans pour des investisseurs basés en Europe ayant différents profils de risque-rendement. L’allocation obligataire (actifs nominaux) est couverte en euros, car la volatilité de change est très élevée par rapport à celle du sous-jacent. Les actions (actifs réels) ne sont pas couvertes, parce qu’elles dégagent des rendements réels au fil du temps, si bien que la composante de change est pratiquement nulle à long terme.

Les résultats sont présentés dans le graphique 1 et le tableau 1. Pour dégager 2% par an en euros, un investisseur doit accepter une volatilité d’environ 5%. A titre de comparaison, les liquidités, un actif sans risque, ont un rendement négatif de –0,5% actuellement. En d’autres termes, pour dégager un rendement supplémentaire de 2,5% par an, l’investisseur A peut s’attendre à des rendements dans une fourchette de –13% à +17%2 par an. Ce type de portefeuille comportant 75% d’actifs obligataires et 25% d’actions et autres actifs (p. ex. private equity, hedge funds) est encore considéré comme assez sûr.

L’investisseur C, qui est disposé à assumer un risque plus élevé, peut espérer avoir un rendement de 3,5% par an avec une volatilité de 10%. Par conséquent, son rendement s’établirait dans une fourchette de –26,5% à +33,5%2. Mais la composition de ce portefeuille serait très différente, avec une faible exposition aux emprunts d’Etat et une forte exposition aux actions, à l’immobilier et aux classes d’actifs alternatives. Cette analyse offre une orientation raisonnable pour un grand nombre de scénarios, mais les résultats seraient évidemment très différents en cas d’événements extrêmes.

Chart 1

Rendement d’investissement et risque de volatilité
Graphique 1

Ce qui me conduit à mon deuxième point clé, à savoir qu’une gestion active est requise pour réagir aux évolutions marquées qui affectent l’économie et le monde. Nous vivons une époque sans précédent et nous nous trouvons à la croisée de chemins qui peuvent avoir des issues très diverses. Dans ce contexte, un portefeuille statique n’est pas approprié.

Troisièmement, une allocation plus élevée aux actifs qui offrent une diversification par rapport aux événements extrêmes est nécessaire, parce que les queues de la distribution ont tendance à s’allonger. Autrement dit: il est donc encore plus important qu’auparavant de prendre en compte une probabilité accrue de scénarios extrêmes. A ce niveau, il faut penser à l’or et aux actifs numériques: à l’or, comme couverture contre les événements géopolitiques extrêmes et contre un envol de l’offre monétaire induit par le laxisme budgétaire et monétaire, aux actifs numériques pour les mêmes raisons, mais pour les générations plus jeunes, qui ont tendance à avoir plus d’affinité pour les actifs numériques que pour les métaux précieux.

Table 1

Allocation d’actifs avec différentes prévisions de risque/rendement, horizon à cinq ans, en euros 
Tableau 1

Ceci est une allocation d’actifs indicative qui peut changer avec le temps.
L'objectif de rendement n’est ni une projection ni une prédiction ni une garantie de la performance future. Il n’y a aucune certitude d'atteindre l'objectif de rendement.

Mon quatrième point clé concerne la mise en œuvre. Beaucoup de bonnes idées s’avèrent peu fructueuses en raison d’une mauvaise exécution. Chez Credit Suisse Asset Management, quatrième fournisseur d’indices et d’ETF en Europe, avec plus de 130 mia CHF d’actifs sous gestion, nous estimons que les produits indiciels devraient surtout être utilisés pour l’allocation aux marchés principaux et que les fonds actifs devraient être réservés aux niches comme les actions thématiques, les marchés émergents, les obligations d’entreprises et les actions chinoises, ou la dette et les prêts privés, entre autres. Cette approche de type «core-satellite» présente deux avantages principaux:

  1. Elle permet un niveau élevé de diversification grâce à des placements dans le marché entier, ce qui évite le risque non systématique.
  2. Elle offre un véhicule de placement économique à faible TER3 pour les marchés principaux où les gestionnaires actifs ont du mal à dégager une surperformance à terme. Ces économies peuvent être appliquées aux marchés satellites qui sont en général moins mûrs et efficients et où les gestionnaires actifs ont plus de chances de dégager une surperformance à long terme.

Comme je l’ai indiqué, je suis convaincu que nous vivons une époque sans précédent. Au niveau économique, les gouvernements et les banques centrales ont mis en œuvre des mesures de soutien supplémentaires à chaque résurgence de la crise. Le bien-fondé de ces politiques dépasse le cadre de cet article, mais force est de constater qu’elles affectent sensiblement la volatilité, les attentes de rendement et les corrélations entre classes d’actifs, avec des répercussions sur le positionnement visé d’un portefeuille. Sur le front géopolitique, nous assistons à la montée en puissance d’un géant, la Chine, qui remet en cause le statu quo en s’imposant. Ce conflit d’opinions entre le pouvoir en place que constituent les Etats-Unis et le challenger en forte croissance engendre des incertitudes et une volatilité accrue, mais aussi des opportunités. Plus que jamais, dans un tel contexte, la gestion active et l’agilité des portefeuilles sont essentielles pour maximiser les chances d’éviter les pièges et de saisir les opportunités de ce monde en évolution rapide.

Alexandre Bouchardy

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous contacter

1 En se basant uniquement sur l’actif, sans prise en compte du passif.
2 En supposant une distribution normale des rendements.
3 TER: total expense ratio.

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