Quels sont les biens immobiliers qui s’y prêtent le mieux?
En principe, l’art – sous quelque forme que ce soit – est possible partout. Du point de vue des investisseurs, les bâtiments de leur propre portefeuille sont particulièrement intéressants à cet égard. Les biens immobiliers incluant de l’art représentent une valeur ajoutée.
Comment se manifeste-t-elle?
L’art confère de l’émotion à un bâtiment et le rend plus aisément reconnaissable. L’art dans l’immeuble zurichois Octavo, avec des objets du sculpteur Anselm Stalder, suscite l’enthousiasme de quasiment tout le monde. L’art peut enrichir un espace de vie, c’est un fait. De nos jours, de nombreuses personnes préfèrent vivre dans des espaces urbains mis en valeur grâce à l’art. Les promoteurs immobiliers constatent que la fluctuation des locataires est plus faible lorsque l’environnement urbain global est bon.
La valeur ajoutée peut-elle être quantifiée?
C’est difficile à faire. La durée des baux est un indicateur. Dans les lieux publics, on peut s’appuyer sur la fréquentation des visiteurs pour faire des déclarations à ce sujet. Des preuves scientifiques montrent, par exemple, que l’art présent dans l’environnement de soins rend les gens plus susceptibles de réfléchir à leur situation de vie, de recevoir des impulsions positives et, finalement, de guérir plus rapidement.
Toutes les œuvres d’art ne plaisent pas forcément. Beaucoup de gens les considèrent comme une nuisance. Que répondez-vous à ces personnes?
L’art a le droit de tout faire sauf de laisser les gens indifférents. L’art doit poser des questions, déclencher des discussions, provoquer des réflexions et des émotions – et même agacer. C’est intentionnel. L’art n’atteint son but que lorsqu’il déclenche des réactions. Et ces réactions donnent à l’œuvre un label de qualité. En d’autres termes: l’art dans et autour du bâtiment qui déclenche des émotions est un «bon» art.
Qui décide quels artistes doivent être pris en considération?
Cette décision n’appartient pas à une seule personne. Dans un processus commun, que je dirige en tant que cheffe de projet, j’élabore la vision artistique et les conditions cadres avec le client et les autres parties prenantes. Ces derniers déterminent également si des artistes régionaux, nationaux ou internationaux participeront à un tel projet, ainsi que les thèmes et formes d’art possibles. Ensemble, nous faisons une sélection. La prise de décision aujourd’hui est très différente de la situation d’il y a 50 ans, où il appartenait à un petit cercle de personnalités influentes de décider des œuvres d’art à placer dans les bâtiments.
Que souhaitez-vous pour l’avenir de l’art immobilier?
Qu’il redevienne une évidence, comme ce fut le cas de l’Antiquité à l’époque moderne. Renouons avec l’art contemporain, imprévisible, souvent inestimable, afin qu’il fasse partie de notre vie.