«Un canapé de couleur ne suffit pas à transformer un bureau en une oasis de bien-être»
Constat post coronavirus: le bureau comme lieu de travail aura un avenir s’il est aménagé de manière plus conviviale, affirme Alice Hollenstein.
13 mai 2022
Constat post coronavirus: le bureau comme lieu de travail aura un avenir s’il est aménagé de manière plus conviviale, affirme Alice Hollenstein.
13 mai 2022
Alice Hollenstein: je suis dans ma cuisine. Vous ne voyez pas le four derrière moi, parce que j’ai flouté mon arrière-plan. Je suis une adepte du télétravail, j’y ai recours souvent. Contrairement à d’autres personnes, je suis une «intégratrice», c’est-à-dire que je ne distingue quasiment pas travail et vie personnelle. Le matin, je travaille jusqu’à ce que ma fille se réveille. C’est ainsi que je concilie travail et vie de famille.
C’est vrai. De nombreuses personnes travaillent plus à la maison qu’au bureau. Pour beaucoup, il est difficile de faire la distinction entre le travail et les loisirs. Les problèmes psychologiques ont également augmenté pendant la pandémie. De façon générale, il n’est toutefois pas possible d’établir un lien de cause à effet avec le télétravail. Le télétravail s’est accompagné d’autres restrictions liées à la pandémie qui ont pu également avoir un impact.
Non. Si elles constituent une alternative utile pour faire des points rapides, elles sont moins propices aux échanges créatifs. On constate également que certains freins de communication diminuent en ligne et que les heurts et les malentendus sont donc plus fréquents.
Je trouve que combiner bureau et télétravail est idéal. Il est plus facile de convenir d’une réunion et d’échanger des informations en ligne. Après tout, il n’est pas nécessaire de se déplacer et cela permet de gagner du temps. Le télétravail est arrivé dans le but de rester partiel.
(Rires) Je ne sais pas si je suis vraiment productive. Cela dépend, d’une part, du niveau de discipline de chacun, et d’autre part du fait de disposer ou non d’un espace de travail adéquat chez soi. Si, par exemple, on ne peut pas s’isoler des enfants, cela devient difficile.
La maîtrise de soi, c’est-à-dire, par exemple, être capable de résister au yaourt dans le réfrigérateur. Avoir une routine bien définie qui sépare le travail des loisirs peut s’avérer utile. Mais cela n’est pas toujours facile. D’ailleurs, des études montrent que les femmes estiment que leur productivité est plus élevée que celle des hommes lorsqu’elles sont en télétravail.
Aux États-Unis, de nombreux millennials, en quête de flexibilité et de liberté, se sont mis à leur compte. Une grande partie a créé et géré son entreprise tout en travaillant. Selon le US Census Bureau, 5,4 millions de nouvelles entreprises ont été enregistrées aux États-Unis en 2021, soit un million de plus qu’en 2020.
Je ne dirais pas ça. Il faut un autre style de management et des structures différentes. Contrôler les heures de présence en télétravail n’apporte pas grand-chose. Les missions qu’une entreprise peut exiger sont plus importantes.
Plusieurs enquêtes ont été réalisées à ce sujet. La plupart du temps, le bureau arrive en tête avec environ 60% du temps de travail. Je n’ai pas vraiment confiance dans ces chiffres. Si on laisse les individus libres de choisir, la part du télétravail devrait être supérieure à 40%. Mais si une bonne partie des effectifs se rend au bureau, cela créé une pression de groupe et le sentiment de manquer quelque chose si l’on ne se rend pas au bureau.
Non. Personne ne souhaite non plus recevoir ses clients à la maison. C’est pourquoi il faut des locaux ou des bureaux représentatifs où l’on puisse se rencontrer. C’est un aspect très important, tout comme le siège de l’entreprise, visible dans le monde numérique et qui est créateur d’identité. Le bureau est un lieu d’échange social et professionnel. Cela permet de souder les équipes et d’obtenir de meilleurs résultats en comparaison avec le télétravail. De plus, le bureau est un endroit essentiel pour les jeunes jusqu’à 30 ans environ. Le monde du travail leur permet de développer leur réseau. C’est important pour faire carrière, se faire des amis ou peut-être même tomber amoureux.
Alice Hollenstein (40 ans) est la fondatrice d’Urban Psychology Consulting & Research et co-directrice du Center for Urban & Real Estate Management CUREM à l’université de Zurich. La question qui la guide dans son travail est la suivante: comment concevoir des villes, des sites et des bâtiments afin qu’ils soient aussi conviviaux que possible? Avec son équipe, elle conseille les promoteurs immobiliers, les architectes et les urbanistes, mais aussi les villes et les communes.
En effet, c’est le cas de la vente par exemple. Dans ce cas, c’est la confiance envers l’autre qui détermine si l’on peut faire des affaires. En ligne via «Zoom» ou «Teams», nous n’avons pas accès aux informations qui nous permettent d’évaluer les personnes en une fraction de seconde au quotidien. Par conséquent, faire confiance à une personne en ligne demande beaucoup plus de temps.
En fait, la majorité d’entre eux le souhaitent.
En guise de Fringe Benefit, une entreprise pourrait également proposer à ses employés un bureau individuel bien intégré ou proposer une prise en charge des frais de transports publics pour se rendre au travail. D’une manière générale, à l’heure où la concurrence fait rage pour attirer du personnel qualifié, il est de plus en plus important de disposer d’un lieu de travail où l’on se sent bien.
Oui, mais pas uniquement. La tendance est à ce que l’on appelle les valeurs de travail salutogènes, c’est-à-dire bénéfiques pour la santé. Ce sont des lieux où les polluants du bâtiment ne s’échappent pas, où la qualité de l’air est bonne, où les conditions d’éclairage ne donnent pas de maux de tête, où des espaces extérieurs sont disponibles et où la vie privée est préservée. L’architecture répond en partie à ce besoin en proposant des bureaux modulables pour différents usages.
Il est certes souhaitable d’avoir une certaine flexibilité. Cependant, je ne suis pas convaincue par la plupart des projets d’espaces de travail en vogue actuellement. Il s’agit d’aménagements haut de gamme avec des canapés de couleur, mais qui ne suffisent pas à faire d’un bureau une oasis de bien-être. Parfois, en faire moins ne serait pas plus mal.
Oui, mais cela peut également prendre la forme d’une belle douche – pas n’importe où dans la cave – pour se rafraîchir après avoir fait du sport le midi.
Jusqu’à présent, je n’ai pas constaté de diminution significative du nombre de bureaux. Quand on va au bureau, on devrait pouvoir y trouver une place. Tant qu’elles en auront les moyens, les entreprises continueront donc à exploiter leurs surfaces. C’est du moins ce que je crois.
Je pense que l’on surestime l’impact de la pandémie sur le marché. La demande de bureaux situés dans des endroits peu attractifs est depuis longtemps en baisse. Cette situation va perdurer. Si trop d’espaces de bureaux sont mis sur le marché, il sera également difficile de trouver des locataires. Dans les zones urbaines attractives, les prix des bureaux ont déjà dépassé le niveau d’avant la pandémie.
C’est difficile à dire. Le plus grand moteur du boom immobilier de ces dernières années a été la conjoncture, les liquidités avantageuses et l’immigration. Aujourd’hui, les principaux enjeux du développement économique sont l’inflation et l’endettement. Je pars du principe qu’il y aura toujours une demande de bureaux dans les villes bien desservies.
Alice Hollenstein (40 ans) est la fondatrice d’Urban Psychology Consulting & Research et co-directrice du Center for Urban & Real Estate Management CUREM à l’université de Zurich. La question qui la guide dans son travail est la suivante: comment concevoir des villes, des sites et des bâtiments afin qu’ils soient aussi conviviaux que possible? Avec son équipe, elle conseille les promoteurs immobiliers, les architectes et les urbanistes, mais aussi les villes et les communes.
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